L'histoire des juifs de France

Une brève présentation

La présence de juifs en France remonte à l'antiquité. Des commerçants juifs fréquentant le port de Marseille dès l'époque de la colonisation romaine sont à l'origine des communautés de Provence et du Comtat Venaissin.

Au moyen-âge, de nombreuses communautés juives bien intégrées se développent, comme en témoignent les "rues aux juifs" ou rues "Juiverie" dans de nombreuses villes de France. Le plus ancien monument juif de France encore visible se trouve à Rouen et date du XIIème siècle.

Importantes en nombre, ces communautés le sont aussi en rayonnement intellectuel dans le monde juif. Ainsi, le célèbre commentateur Rachi était-il originaire de Troyes, où il exerçait la profession de vigneron. Le savant et philosophe Moïse de Narbonne est une autre figure marquante de cette période.

Cependant, les juifs ne sont pas toujours bien tolérés. Aux écrits hostiles de l'Eglise répondent souvent, surtout à partir des Croisades, persécutions et violences. Le roi Louis IX ("Saint-Louis") impose aux juifs le port d'une marque distinctive : la rouelle, petit cercle d'étoffe jaune dont le port sur les habits est obligatoire. En 1244, à la suite d'un véritable procès, le Talmud est condamné à être brûlé en place publique. Ces diverses mesures aboutissent en 1394 à l'expulsion des juifs du Royaume de France. Ne subsistent dès lors que les communautés d'Avignon et du Comtat Venaissin, sous la dépendance directe du Pape depuis 12.. ainsi que celles d'Alsace et de Lorraine, qui appartiennent à l'Empire romain germanique. 

Au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, les communautés de Bordeaux et du Sud-Ouest accueillent des juifs portugais officiellement convertis au catholicisme pour échapper à l'Inquisition, mais qui ont néanmoins du mal à éviter la persécution par l'Inquisition dans leur pays d'origine.

La Révolution Française marque une transformation capitale de la situation des juifs de France : dès 1790, grâce notamment au rôle de l'abbé Grégoire, ils deviennent citoyens français à part entière.

L'empereur Napoléon Ier prend diverses mesures pour intégrer davantage les juifs dans la communauté nationale, ou pour le dire autrement les normaliser au regard de la majorité. En 1808, il impose aux juifs de prendre un nom de famille ("Décret de Bayonne").

Le XIXème siècle se caractérise par l'intégration de plus en plus grande, voire l'assimilation, des juifs à une société française à laquelle ils sont fiers d'appartenir. Le soutien à la République et aux idées nouvelles va de pair avec la réussite économique et sociale dans tous les domaines, maintenant que les restrictions de l'ancien régime ont disparu. Petit à petit, ils trouvent leur place dans l'armée, l'enseignement, la politique... Ils se font accepter dans le "monde" et la vie sociale avec ses règles si importantes à l'époque.

Pour les juifs de toute l'Europe, la France constitue le modèle d'une émancipation compatible avec l'idée nationale. Un flux croissant d'immigration en provenance de l'Est, d'Allemagne puis de Pologne et de Russie est la conséquence de cette attraction. Il convient d'y ajouter l'afflux de juifs d'Alsace-Lorraine après l'annexion de ces provinces par l'Allemagne après la guerre de 1870.

Mais les vieilles haines n'ont pas disparu. Au traditionnel antijudaïsme de l'Eglise et aux réflexes de rejet qui font de l'évolution sociale décrite ci-dessus un parcours malgré tout lent et peu facile vient s'ajouter un antisémitisme qui dénonce les juifs même bien intégrés - surtout bien intégrés, même, car il les assimile à une force occulte, alliée à la franc-maçonnerie, autre cible sur qui projeter les craintes et les angoisses face à l'évolution de la société.

Pour les juifs - pardon, les "Français de religion israélite" ! - qui ont fait leur cet idéal d'intégration harmonieuse, le déferlement d'antisémitisme qui accompagne l'affaire Dreyfus est un choc aussi brutal qu'inattendu. Mais il ne suffit pas à remettre en cause cet attachement. Les juifs s'engagent dans la guerre de 1914-18 avec le même enthousiasme que leurs compatriotes, et la France continue plus que jamais d'être une terre d'attraction pour les juifs persécutés de Russie, de Pologne, des nouveaux régimes autoritaires d'Europe de l'Est et bientôt de l'Allemagne hitlérienne.

Avec la défaite de 1940 et la mise en place du régime de Vichy s'ouvre une période noire. Dès 1941, avec la mise en place du "commissariat général aux questions juives" et l'adoption des lois de discrimination raciale, l'Etat français va au-devant des exigences allemandes : port de l'étoile jaune, exclusions scolaires et professionnelles, spoliation, sont les premières étapes d'un processus qui mène à la collaboration active à la politique nazie de déportation. Chacune de ces étapes s'exerce d'abord sur les juifs étrangers (ainsi la tristement célèbre arrestation par la police française de familles juives envoyées en déportation du .. 1942, dite "rafle du Vel d'Hiv") pour être étendue indistinctement aux naturalisés récents puis à ces israélites parfaitement intégrés qui continuaient à refuser d'imaginer que la France les rejette.

Contrairement à d'autres pays, la France offre aux juifs certaines possibilités d'échapper au pire : l'existence pendant un temps de la "zone libre" et l'exode de nombreux Français lors de l'invasion allemande, de réelles solidarités de la part de non juifs, permettent à de nombreux juifs de se dissimuler et de traverser la guerre sains et saufs. Si la proportion de déportés est plus faible qu'ailleurs, ... personnes, soit environ ...% de la population juive de France en 1939, disparaissent dans les camps de la mort.

(à suivre...) 
 

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